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Culture d’entreprise et management : entre idéal et réalité.

Blue Origin, Apple Too, Activision-Blizzard, hashtags Balance ton agency ou Balance ta start-up… Grâce aux réseaux sociaux, les langues se délient pour dénoncer une culture d’entreprise et un management tous deux toxiques. […]

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Activision-Blizzard, le géant aux pieds d’argile

Une procédure judiciaire ouverte

La parole libérée des salariés face à la culture d’entreprise

Les premières prises de parole des dirigeants, minimisant, voire niant les faits, ont jeté de l’huile sur le feu. La preuve que la culture d’entreprise elle-même est toxique. La riposte ne s’est pas fait attendre. Le 26 juillet dernier, plus de 2 000 salariés et anciens employés ont signé une lettre ouverte pour dénoncer les déclarations publiques et les notes internes de la direction. Ce sont notamment les messages de Frances Townsend, la Vice-présidente du groupe qui ne passent pas. 
Pour les signataires, les prises de parole des cadres dirigeants « entravent leur quête pour l’équité à l’intérieur et à l’extérieur de l’industrie […], créent une atmosphère d’entreprise qui pousse à la décrédibilisation des victimes » et « font planer le doute sur les capacités de l’entreprise à tenir les harceleurs pour responsables de leurs actes ou développer un environnement de travail sûr pour les futures victimes. »

La culture d’entreprise prête à changer ? 

Apple Too, la pomme serait-elle en train de pourrir ?

L’histoire de #AppleToo

En août, Cher Scarlett, ingénieure chez Apple, décide de lancer #AppleToo, un écho au mouvement « Me Too ». Une initiative créée pour encourager les salariés à s’exprimer. En quelques jours, elles répertorient plus de 500 témoignages accablants de salariés. Toutes ces histoires ayant pour point commun de dénoncer l’inaction du service des Ressources Humaines face aux remontées des salariés. Jusqu’ici, la culture d’entreprise était celle du silence. Grâce à elle, Apple a pu échapper, un temps, à la polémique. Les signalements sur les conditions de travail et les comportements de certains managers étaient visiblement étouffés. D’ailleurs, les victimes et leurs défenseurs se retrouvaient stigmatisés et humiliés. Le management toxique était ignoré ou minimisé. Cependant, l’image lisse et idyllique du géant informatique commence à s’effriter. Les révélations affluent sur les comportements racistes, sexistes et les injustices en tout genre. Sans doute que l’affaire Blizzard aura aidé les salariés à s’exprimer librement et publiquement.

La répression pour seule réponse ?

Sous le poids du harcèlement moral subi en interne et sur les réseaux sociaux, Cher Scarlett est en congé maladie. Elles recevaient fréquemment des messages l’accusant de porter des complaintes non fondées, de nuire à la culture de l’entreprise ou encore de divulguer des informations confidentielles.

Autre lanceuse d’alerte, Ashley Gjøvik, a dénoncé pendant des mois sur Twitter des faits de harcèlement, de sexisme ou de surveillance malsaine. Elle a été licenciée par Apple le 9 septembre au motif qu’elle aurait violé des règles de confidentialité de l’entreprise.

De même, le licenciement de Janneke Parrish fait également jaser. Officiellement, elle a été licenciée pour avoir supprimé des fichiers et des applications (Google Drive, Robinhood et Pokémon Go) de ses appareils professionnels. Une violation selon Apple.
Mais l’opinion publique est toute autre. En effet, Janneke Parrish est l’un des visages publics d’Apple Too. Selon l’intéressée, elle aurait été licenciée pour avoir rompu la « culture du secret et de la loyauté envers l’entreprise ».

Le mythe des start-ups où il fait bon travailler

La QVT est soi-disant dans la culture d’entreprise des start-ups. Pourtant, elles aussi sont touchées par des controverses sur les conditions de travail. Nombre de salariés de start-ups sont passés du rêve au cauchemar. Le management toxique a succédé à l’ambiance « cool » des débuts : oppressions, discriminations, micromanagement… Ces situations se sont aggravées avec le confinement et la question du télétravail.

Balance ou Burn Out !

C’est dans ce contexte qu’est né, en décembre 2020, le compte Instagram Balance ta start-up qui crée un cataclysme dans l’univers de la « start-up nation ». Des témoignages poignants de salariés et d’anciens employés épinglent les jeunes pousses et les licornes tant adulées. C’est la panique chez les patrons de start-ups qui craignent que ces témoignages ne nuisent à la réputation de leur marque. Pour les start-ups sur le point d’être vendues ou en cours de levée de fonds, un « bad buzz » sur le management toxique serait un coup mortel porté à leurs projets. C’est ce qui est arrivé à l’agence Braaxe, ébranlée par des messages sur le compte Instagram Balance ton agency

Le pouvoir de la communauté

De même, la marque Lou Yetu, qui a construit sa notoriété sur Instagram justement, se serait bien passée de voir son nom être entaché par une polémique sur ce même réseau. En janvier 2021, à peine 10 jours après la publication des premiers témoignages, le compte Instagram de la marque perd 67 000 abonnés. Et les ventes s’étiolent au point que celle-ci décide de fermer temporairement sa boutique située dans le 2e arrondissement de Paris. D’autant qu’aux témoignages de harcèlement moral se rajoutent des accusations de tromperie sur le caractère « Made In France » des bijoux vendus par la marque.

Face à la puissance de ces comptes et aux conséquences parfois lourdes qu’ils peuvent avoir sur l’image et le chiffre d’affaires des marques, comment s’assurer que des entreprises ne soient pas visées à tort ? La créatrice de Balance ta start-up assure qu’elle attend d’avoir suffisamment de témoignages et d’en vérifier la plausibilité avant de les partager. De même, elle dit laisser un droit de réponse aux start-ups pour ne pas biaiser les débats.

Les réseaux sociaux, le nouvel espace de contestation des salariés ?

Toutes les affaires que nous avons répertoriées ici ont un point commun. Elles sont nées ou ont en tout cas pris de l’ampleur grâce aux réseaux sociaux. Lorsque les employés ont épuisé les recours en interne, ils cherchent désormais à faire entendre leur voix à l’externe. Pour eux-mêmes, mais surtout pour éviter à d’autres de succomber à un management toxique. Bien sûr, ils avaient déjà des espaces d’expression comme Glassdoor ou Truspilot. Toutefois, les réseaux sociaux, notamment Twitter et Instagram, ont offert plus de visibilité à leurs témoignages qu’ils ont pu condenser et confronter. Une méthode plus sûre pour que les médias s’emparent de ces sujets polémiques et que la vérité éclate au grand jour.


Article rédigé par :

Maeva ELANA, Content Manager